L’enfant intérieur, un concept thérapeutique incontournable
Publié le
3 juin 2025
par Mathilde Carrée
L'enfant intérieur, de quoi s'agit-il?

L’enfant intérieur est considéré comme une sorte d'identité subpersonnelle qui représente le vécu de l'enfance avec tous les souvenirs, sentiments et émotions qui s’y rattachent. Il s’agit d’une dimension de notre psyché qui maintient en vie les ressentis et les expériences de notre enfance, y compris ceux que nous avons totalement oubliés.
L’enfant intérieur conserve également dans l’inconscient nos besoins affectifs non satisfaits, et nos blessures émotionnelles précoces non résolues. Cet enfant intérieur perdure, en chacun de nous, toute la vie durant.
L’enfant intérieur est plus que l’enfant blessé
En thérapie, lorsque l’on parle de l’enfant intérieur, c’est principalement à la dimension abîmée que l’on fait référence. Cependant, c’est une erreur de réduire notre enfant intérieur uniquement à cela. C’est trop réducteur car chaque personne porte également en mémoire, l’autre aspect de sa nature profonde, commune à tous, qui fait référence à la joie et à l’amour. Il s’agit en fait du moi authentique bien souvent enseveli sous des couches de blessures et de peurs.
L’enfant intérieur n’est donc pas uniquement le lieu des blessures et des peurs. Il est aussi l’expression spontanée de notre créativité, il est la source de notre élan de vie, de notre enthousiasme, du désir d’être joyeux et espiègle, de la capacité à s'émerveiller ainsi que de notre envie d’aimer. C' est cette part en nous qui désire explorer le monde avec curiosité et qui se réjouit des petites choses.
En somme, l’enfant intérieur est une métaphore de notre moi le plus vulnérable et aussi de notre moi le plus authentique.
L’enfant intérieur blessé
Cette partie de nous appelée métaphoriquement, l’enfant intérieur, peut être blessée en raison de négligence, d’abus ou de traumatismes. C’est le cas lorsque les besoins fondamentaux - nourriture, chaleur, sécurité, amour - ne sont pas correctement comblés et qu’il ne s’établit pas une relation stable et suffisamment affectueuse avec les personnes qui s’occupent de l’enfant durant les premières années. Dans ce cas, l’enfant, ne parvient pas à développer son sentiment de confiance primaire pourtant indispensable à son bien-être psycho-affectif, présent et futur.
Ce dont le petit enfant à besoin par-dessus-tout, c’est d’une proximité ultra rassurante pour établir la confiance primaire originelle.
Favorisée par les interactions affectives dès la naissance (et même avant) qu’il a avec sa maman, la confiance primaire, dans l’idéal, peut se construire et se renforcer au cours des premiers mois de la vie. Ce qui sera une base solide pour la suite de son existence.
Cependant, il est plutôt rare que tout se passe parfaitement bien et cela même lorsque les parents font tout leur possible pour que l’enfant ne manque de rien. Telle que la société fonctionne, il est pour ainsi dire impossible d’apporter à l’enfant toute la sécurité psycho-affective dont il a besoin. Il se trouve indubitablement confronté à des situations inappropriées pour son système nerveux encore vulnérable. Ainsi, la confiance en lui-même, dans le monde et dans les autres s'affaiblit et l’enfant se fragilise.
Quand la confiance originelle est défaillante
Ce qu’il faut retenir, c’est que l'enfant intérieur est étroitement lié à la confiance originelle primaire. Pour se développer et grandir sur les plans physiques, psychologiques et affectifs, le petit enfant doit pouvoir percevoir le monde comme un lieu sûr. Cette confiance fondamentale constitue le socle d’un développement psychique sain et de la confiance en autrui et en soi-même.
Lorsque la confiance primaire est perturbée, l’enfant développe une profonde méfiance envers le monde et les autres. On parle alors de méfiance originelle.
Les personnes souffrant d’une forte méfiance originelle (ce qui est assez fréquent) ont des difficultés à établir des relations stables et saines et sont facilement sujettes à l'anxiété. Elles se perçoivent comme insuffisantes, inappropriées, ou indignes et le monde extérieur leur paraît dangereux. Elles s'attirent, malgré elles, des expériences éprouvantes qui ne cessent de renforcer la perception biaisée qu’elles se font d’elle-même et du monde.
Guérir la confiance primaire perturbée
Le travail thérapeutique avec l’enfant intérieur contribue à développer une relation plus saine et plus juste, avec soi-même et les autres. Ce travail s’attache à modifier la perception faussée qui s’est inscrite en soi lors de la petite enfance et qui n’a eu de cesse de se confirmer par la suite à travers des expériences malheureuses.
Nous savons à présent, avec certitude, que nous nous attirons ce que nous prenons comme vrai et aussi que notre réalité est le miroir de notre vibration intérieure. Alors tant et aussi longtemps que la confiance primaire ne sera pas rétablie, les efforts déployés seront guère fructueux pour faire advenir de meilleures choses.
Si nous souhaitons des transformations dans notre vie, en premier lieu, c’est notre réalité intérieure qu’il va falloir rectifier en allant rétablir la confiance primaire. Ce qui, de surcroît, renforcera le sentiment de sécurité et de stabilité intérieure.
Aller à la rencontre se son enfant intérieur
Le travail avec l’enfant intérieur est un processus qui permet d’enlever les couches de blessures et de défenses pour devenir la personne que nous sommes vraiment.
Il s’agit d’aller à sa rencontre avec compassion, dans un état d’esprit d'acceptation puis de commencer à prendre soin de cette partie vulnérable, appelée enfant blessé, dont les besoins primaires ont été ignorés.
Les émotions non traitées qui résultent de négligence, d’abus, de traumatismes , d’indifférence et d’humiliations, que l’enfant à dû étouffer en lui jusqu’à parfois en oublier l’existence, continuent cependant d’influencer l’être devenu adulte et façonnent inconsciemment ses comportements et ses relations.
Cesser de se définir par son vécu
Notre passé fait partie de notre histoire mais il ne nous définit pas. Le passé à fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui mais c’est le présent, dans lequel nous vivons, que nous pouvons façonner pour changer notre regard sur le monde et modifier nos réactions.
Le passé est irrévocable, toutefois, nous avons la possibilité de le laisser à sa juste place et ce n’est pas en le niant ou en l’oubliant qu’il en sera ainsi mais en allant à sa rencontre pour comprendre quels sont nos véritables besoins, ceux qui sont enfouis tout au fond de notre coeur, faute d’avoir pû être reconnus avant.
Pourquoi est-ce si important de guérir son enfant intérieur?
L’enfant intérieur blessé se manifeste sous forme de difficultés relationnelles, de manque de confiance en soi, de culpabilité excessive, de honte et de ressentiments, de comportements contre productifs, d’échecs à répétitions, de la peur de prendre pleinement sa place, de désorientation (ne pas trouver de sens à la vie) et peut aller jusqu’à provoquer des symptômes physiques comme des douleurs chroniques, de l'épuisement et des maladies. Souvent les personnes ne font pas le lien entre ces manifestations et leur enfant intérieur blessé.
La guérison est donc avant tout un processus de connaissance de soi pour mettre à jour nos douleurs cachées, identifier les causes de nos problèmes et commencer à les résoudre.
Faire émerger notre nature plus joyeuse
Une partie importante de ce travail consiste à développer l’autocompassion, prémisse de l’amour de soi.
Les personnes qui ont été négligées, abusées ou incomprises, dans leur enfance portent en elles un profond sentiment de honte ou d'insuffisance. Elles se sentent fausses ou indignes et de ce fait, éprouvent des difficultés à s’accepter.
Guérir l’enfant intérieur, cela consiste à dissoudre les croyances profondément ancrées dans le subconscient pour les remplacer par une attitude constructive envers soi-même et par effet de ricochet envers les autres. Il ne sera plus question de se laisser abuser d’aucune manière.
Lorsque nous étions enfant nous avons appris à réprimer certains sentiments ou besoins afin de gagner l'amour et l'approbation de ceux qui s'occupaient de nous. Ce refoulement continue, à l’âge adulte de nous empĉher de réaliser notre plein potentiel.
L’authenticité retrouvée
La guérison, qui se fait de manière progressive, nous mène à vivre des relations plus authentiques dénuées de manipulations. En cessant de répéter les schémas négatifs appris dans l’enfance, nous pouvons faire l’économie de conflits destructeurs, de malentendus insolubles, de frustrations et d'insatisfactions.
En se confrontant à notre enfant intérieur, nous pouvons reconnaître ces schémas distortionnés et les démanteler pour nous en libérer. Alors peu à peu, nous retrouvons notre véritable libre-arbitre, ce qui nous donne la possibilité de faire des choix en conscience, plutôt que d’utiliser nos forces pour tenter de nous suradapter cahin-caha à des situations plus ou moins délétères.
Notre moi authentique trouve enfin l’espace dont il a besoin pour se révéler. Notre nature véritable peut se réveiller et faire apparaître notre unicité.
C’est seulement lorsque l’on s’émancipe des conditionnements limitants appris dans l’enfance, que l’on peut commencer à faire l’expérience de la joie véritable d’être en vie, devenant acteur et créateur à part entière du grand jeu de l’existence.