La blessure de rejet, un vague à l’âme silencieux
Publié le
17 août 2025
par Mathilde Carrée

Présentation générale de la blessure
La blessure de rejet est une blessure de l’enfance qui laisse des traces profondes dans la psyché humaine adulte. Il s’agit-là d’une blessure très courante, souvent silencieuse et invisible, elle amène à se ressentir, de façon tenace et persistante, comme quelqu’un de dérangeant, d’indésirable ou de transparent. C’est un état psychique qui incite à fuir, à se taire, à rester spectateur, à ne pas prendre suffisamment part à la vie. Il existe plusieurs niveaux de ressentis mais quoi qu’il en soit, cette blessure est un frein à l'épanouissement et à l’accomplissement. La blessure de rejet est une blessure refoulée, donc essentiellement inconsciente. Elle se réactive dans le présent, en écho avec le passé jusqu’à ce que la personne parvienne à reconnaître pleinement sa blessure.
Dans les relations, la personne qui en est affectée, ne se sent pas vraiment aimée et comprise pour ce qu’elle est.
La Blessure en quelques “maux”
D’autres symptômes psychologiques assez fréquents, mettent à l’épreuve les personnes qui sont concernées par la blessure de rejet. En voici un certain nombre :
L’intime conviction d’être inintéressant,
L’hypersensibilité aux réactions des autres,
Le besoin d’approbation,
Des montées de panique sans raisons apparentes,
Du stress à l’idée de devoir s’exprimer en public,
Une méconnaissance de soi et de ses besoins,
Une tendance à faire passer les autres avant soi,
Le sentiment de ne pas appartenir à ce monde,
Le sentiment d’être différent, peu conscience de son intégrité,
La peur d’être un imposteur,
La peur d’être remarqué, de se retrouver au centre de l'attention,
La difficulté à dire ce que l’on pense,
Sentiment d’être indésirable,
L’impression d’être invisible, de passer inaperçu,
L’impression d’avoir quelque chose qui cloche,
La difficulté à être spontané, authentique, naturel,
La tendance à l’auto-sabotage,
Une sensibilité exacerbée,
Une tendance à l’auto-critique,
Ne se sent pas pleinement incarné, souvent dans la lune,
Une tendance à se laisser envahir.
Une blessure qui incite à fuir
Vous l’avez sans doute déjà compris, cette blessure rend vulnérable et hypersensible. Sensible aux paroles, aux réactions, aux attitudes qui peuvent heurtées et sembler exagérément hostiles. Se sentant décalé dans un monde qui leur paraît effrayant, le moindre détail est scruté afin de vérifier que tout va bien. La grande crainte qui résulte de cette blessure, c’est de se sentir indésirable. Ce serait la pire chose à vivre, c’est ce qu’il faut à tout prix éviter. C’est en tous les cas, le message engrammé dans le subconscient des personnes blessées par la mémoire du rejet. Être rejeté, c’est être confirmé dans son indignité, se disent-elles inconsciemment. Pour éviter de vivre (ou de revivre) cela, elles s’effacent, se montrent fuyantes et évitantes, elles craignent les conflits, elles évitent de s’affirmer, se négligent, se font toutes petites, se renferment, se replient quand elles ressentent trop d’émotions, s’excusent pour un rien… Tous ces comportements qui prennent l’apparence de traits de personnalité ne sont pas l'expression de la véritable nature de la personne blessée. La blessure pousse à agir ainsi pour se protéger, afin qu’une douleur profondément enfouie au plus profond d'elle-même, ne se réveille pas.
Pourquoi souffre- t-on de cette blessure?
Il est possible que la personne n'ait pas été un enfant désiré. Cependant cela n’est pas la seule cause possible, loin de là. D’autres raisons peuvent expliquer ce sentiment d’indignité qui se tapit au creux de la blessure de rejet. Selon Lise Bourbeau, auteure spécialiste du sujet, l’enfant développerait la blessure de rejet car il se serait senti repoussé, rejeté par son parent du même sexe avant ses 1 an. Quoi qu'il en soit, il suffit, par exemple, que le petit enfant ait eu le sentiment de déranger lorsqu’il avait besoin d’être pris dans les bras, consolé ou bercé pour que la blessure se mette en place dans son psychisme. Il se peut également, qu’il se soit senti non accueilli pour ce qu’il était (sexe, apparence physique, carctère). Ou encore, avait-il un parent distant, froid, distrait, impatient ou émotionnellement absent en dépit d’une présence physique bien réelle. Si la figure d’attachement (mère, père ou autre personne) était contrariée, préoccupée, pressée ou triste, il y a de fortes probabilités que le petit enfant ait cru qu’il était en cause, il s’est senti alors de trop et inapproprié. Ce qu'il ressentait chez cet adulte qui ne dégageait pas suffisamment de chaleur et d’amour, était pour lui une conformation de sa non valeur.
Attendre le feu vert
Il semblerait que la personne, en quelque sorte, soit restée dans une posture d’attente. C’est comme si le petit enfant en elle, son enfant, intérieur, attendait encore la permission pour se donner le droit d’être pleinement vivant et qu’il attendait le feu vert pour prendre part au jeu de la vie sans avoir à s’excuser d’être là. De toute évidence, l’enfant n’a pas eu le sentiment d’être convié à exprimer sa joie de vivre en toute spontanéité, ni à se laisser aller à faire ses expériences personnelles sans se sentir gêné. Ainsi, lorsque la personne s'autorise à pousser des portes, lorsqu’elle se met à investir un domaine de sa vie, elle sent monter en elle une espèce de culpabilité qui, sournoisement la place dans une dynamique d’auto-sabotage. Son enfant intérieur blessé, lui souffle à l’oreille quelque chose comme ça : “ Oh mais voyons, pour qui te prends-tu ? Qui t’as permis de te mettre en avant comme ça ! Et puis, es-tu sûr(e) d’être légitime pour exprimer ton avis ? Tu ferais mieux d’attendre pour voir si on veut bien de toi ici…”.
Apprendre à se voir à travers ses propres yeux
Le rejet, c’est aussi quand on souffre de la façon dont on est défini par les autres. L’image qu’ils nous renvoient de nous-même ne nous aide pas à nous accepter entièrement. Pourtant la personne à très vite appris à se conformer aux attentes des autres dans l’espoir de se faire accepter. C’est la définition même de l’amour conditionnel : “Je t’accepte si…”. La blessure du rejet est par conséquent une blessure d’amour. L’isolement est une violence d’une grande puissance, aussi, pour éviter d’avoir à le le vivre, les personnes préfèrent souvent, sans en avoir conscience, renoncer à leurs besoins. Elles vont sacrifier ce qui fait qu’elles sont qui elles sont, à qui leur accorde un peu d’attention. Autant dire que les personnes qui ont une blessure de rejet importante, sont des proies idéales pour les personnes hautement narcissiques qui vont pouvoir se servir des doutes de la personne blessée par le rejet, pour exiger énormément de sacrifices et d’attentions.
C’est en commençant à se voir par ses propres yeux, que la personne entame son chemin de guérison, un chemin qui mène vers la libération et la rencontre avec soi-même.
Non, vous n’êtes pas le problème
Si vous vous reconnaissez dans la description faite dans cet article, alors dites-vous, que ce n’est pas parce que l’on vous rejette, que vous êtes le problème. De par votre blessure, vous vous attirez des circonstances qui mettent au jour votre problématique, ce n’est pas pour autant que c’est de votre faute quand vous subissez des manifestations de rejet. Vous attirer également à vous, des personnes qui sont votre miroir inversé. Cela signifie que ces personnes sont elles aussi en réaction à leurs blessures infantiles, mais contrairement à vous, elles ont développé un excès de narcissisme. Elles n’ont donc pas de gênes à mettre des limites, à prendre les choses en main ou à ruser pour être dans la lumière, elles n’ont pas de scrupules à passer devant tout le monde et sont enchantées quand elles ont un auditoire.
Vous devez comprendre que votre blessure ne définit pas votre véritable nature. Même si pour l’instant, vos réactions et attitudes sont encore impulsées par votre blessure, vous avez le pouvoir, et je dirais même le devoir, de rétablir votre amour-propre. Il en va de votre bien-être et de votre santé. La vie vous attend, comme tout un chacun, vous avez un rôle à jouer dans le grand jeu de la vie. Et tant pis si cela ne plaît pas à tout le monde.
Comment se remettre de sa blessure de rejet?
Une blessure de rejet naît quand l’enfant sent qu’il n’a pas le droit d’exister pleinement tel qu’il est. Le chemin vers la guérison, par conséquent, va consister à retrouver son droit d'être qui l’on est et de l’assumer totalement. Je ne vous cache pas que le chemin est long et semé d'embûches, mais il en vaut tellement la peine.
La première étape, je dirais que c'est une étape qui consiste à accueillir sa position de victime de façon à laisser les émotions remonter. Il est, de fait, impossible de guérir une blessure en continuant d'étouffer au fond de soi, les émotions qui, jusqu’à présent, sont toujours restées lettre morte. Cela est en soi, un premier acte d’amour vers soi, un cadeau que l’on se fait, et ce premier pas est fondamental quand on sait que la blessure du rejet est une blessure d’amour. L’enfant à cru que son parent ne voulait pas de son amour. Ce qui est terrible pour un enfant. Ce premier modèle si mal vécu se répercute dans les relations ultérieures. “Si l’on ne veut pas de mon amour, c’est que je ne vaut rien.”; Cette croyance enracinée dans le subconscient va devoir sauter. Dans le cadre d’un accompagnement thérapeutique doux et bienveillant, l’amour-propre va peu à peu se restaurer.