Au secours, je suis le bouc émissaire dans ma famille, comment m’en sortir ? (3)

Publié le

19 nov. 2025

par Mathilde Carrée

Dans la continuité des parties 1 et 2, je vous invite à poursuivre sur le thème du bouc émissaire et de sa famille dysfonctionnelle. Dans cette troisième et dernière partie, je vous propose des solutions et surtout l’espoir de rompre avec cet archétype.


Penser par soi-même, une menace pour les autres

En fin de compte, la principale faute imputée au bouc émissaire - qui ne sera bien sûr jamais admise - est son désir, insuffisamment assumé, de vouloir penser par lui-même. En fait, si la personne désignée comme « mouton noir » dérange tant que cela dans son cercle familial, c’est aussi parce que sa manière d’être et sa façon de penser à caractère empathique et intuitive, sont perçues par les autres, comme un risque de perte de contrôle. Ils craignent par-dessus tout d’avoir à reconsidérer leurs certitudes et de devoir revisiter leurs fonctionnements. Comprenez que contrairement à ce qu’il serait logique de croire, votre sensibilité, votre désir de justesse et votre quête de vérité constituent des menaces et affolent ceux qui se sentent incapables de tendre vers les mêmes valeurs que vous. Ce qu’ils savent faire, c’est de se mettre dans une attitude d’évitement. Surtout ne jamais permettre à l’intime de se dévoiler et ne jamais paraitre faillible. Briller, se montrer à son avantage autant que possible pour se sentir vivant dans le regard de ceux dont on cherche à forcer estime et admiration. Pour en arriver là, chaque membre de la famille est encouragé à donner le change. Mais le bouc émissaire s’y refuse parce qu’une petite voix au fond de lui, lui indique, qu’un fonctionnement comme celui-là, ne pourra que le mener à sa perte.

Le politiquement correct des tablées familiales

Il est probable qu’autour des tablées familiales, d’aucuns jouent la carte de la fragilité, obtenant ainsi quelques commisérations, d’autres racontent leurs dernières fiertés encouragées par quelques oreilles attentives qui jugent pertinent de faire alliance avec les plus « forts ». Mais tout ça, au fond, ce ne sont que des masques, des rôles affichés pour éviter d’avoir à assumer des sentiments ambivalents tels que la jalousie, la vulnérabilité, la gêne, de la rancœur ou du désabusement, en somme, des émotions que chacun essaie, tant bien que mal, de refouler pour préserver sa place dans le clan. Comme une scène qui se rejoue à l’infini, chacun participe à sa manière en jouant le rôle pour lequel il est attendu, un rôle qui a été répété maintes et maintes fois. Ainsi faisant, une place est assurée dans la tribu familiale. En revanche, le bouc émissaire s’est habitué à se replier sur lui-même, à serrer les lèvres, à ne pas montrer ce qu’il ressent pour éviter d’être blessé. Il a pris l’habitude de prendre sur lui pour ne pas exprimer ses désaccords et s’est résigné à se détacher affectivement. Mais à force d’être sur la réserve, toute personne finit par oublier ce qui l’anime réellement. A force de s’empêcher d’être spontané, l’énergie du cœur circule moins bien. A se sentir oppressé dans le cercle familial, vient un jour où il n’est plus possible d’accepter de s’oublier.

Que faire, quand on est désigné comme bouc émissaire par sa famille ?

Dès lors que vous vous rendez compte que vous êtes désigné comme bouc émissaire, il ne sert plus à rien de vous évertuer à rentrer dans ce moule qui vous restreint. De toute façon, plus vous essaierez d’être gentil à tout prix, plus ce que vous récolterez sera violent car une fois que quelqu’un est désigné comme le bouc émissaire, n’importe laquelle de ses intentions peut devenir un prétexte pour l’accabler avec une mauvaise fois arbitraire. Dans la mesure du possible, soyez vous-même sans en faire plus qu’il n’en faut. Vous y parviendrez lorsque vous aurez pris le large avec votre besoin de reconnaissance, ce qui en soit, est le fruit d’un long travail sur soi. Car pourtant, c’est bien la capacité à ne plus être dépendant de sa famille pour savoir qui l’on est, qui permet d’accéder à l’émancipation. Il s’agit de parvenir à se donner le droit de mener sa vie comme on l’entend et de s’autoriser un peu de bonheur, sans être contaminé par un sentiment de culpabilité.

Renoncer au besoin de confirmation

Mais le véritable combat n’est pas à mener contre les autres. En définitive, le combat est avant tout intérieur. Il consiste à lutter contre le désir compulsif de tout faire pour être accepté. La blessure originelle parle du besoin de confirmation. C’est un besoin tout à fait légitime et compréhensible, cependant il s’agit d’un besoin propre à l’enfant blessé qui demande à être réparé. Mais cela ne peut advenir de cette manière-là.  Si combat il y a à mener, il est de nature à lutter contre l’oubli de soi-même. Le bouc émissaire a appris à faire passer les désirs des autres avant les siens. Il s’est construit sur la croyance qu’il n’est pas comme il faut. Il a un travail de reconnexion à lui-même à effectuer.  C’est parce que l’on n’assume pas qui l’on est, que l’on se désigne malgré soi, comme une cible facile. Ainsi, des circonstances familiales telles que celles décrites ici peuvent nous conduire à une quête salutaire : travailler sur soi. Non pas pour se corriger mais dans le but de s’accepter.  On pourra alors se retrouver, dans le sens de renouer avec l’être que l’on est vraiment, au-delà des formatages et des conditionnements, allant jusqu’à éprouver une saine fierté d’être qui nous sommes, y compris avec nos défauts.

Guérir et briser le cycle

Me croyez-vous si je vous dis, qu’en dépit du fait que vous vous retrouviez à être la victime, paradoxalement, vous portez en vous une force que personne d’autres dans la famille ne possède ? Mais oui, parce que le bouc émissaire est presque toujours le membre le plus mature du système familial. Parce qu’il n’est pas donné à tout le monde de refuser de participer au déni communément admis. Grâce à votre guérison, il se pourrait, qu’in fine, un cycle finisse par se briser et de toute façon, lorsque le bouc émissaire se reconnecte à son individualité, il n’est plus possible de lui faire porter le chapeau ! Plus nous apprenons à nous connaître nous-même, moins les projections consécutives aux blessures psycho affectives non résolues de l’entourage nous affectent. Pour quitter le rôle du bouc émissaire, il s’agit de prendre conscience que l’on est en partie responsable de sa souffrance et que l’on dispose de capacités qui permettent de la transformer. Celui qui endosse l’identité de victime dans le système familial, joue un rôle dont il ne peut sortir qu’en prenant conscience des mécanismes qui sont en jeu.

Un détachement qui s’impose par la force des choses

Le chemin consiste à se désidentifier du rôle affreusement réducteur qui a été souhaité pour soi, par les autres, et qui jusqu’à maintenant, empêchaient de manifester sa propre nature. Il s’agit, par ailleurs, de se guérir de la croyance que l’on a fait quelque chose de mal. Mais dans une famille narcissique, les apparences restent ce qu’il y a à sauver coute que coute et les remises en question ne sont pas légions. A cause du besoin d’être narcissisé socialement, le bien-être de chacun n’est pas ce qui fait l’unanimité dans certaines familles. Aussi, ne vous attendez pas à de grands changements venant de la part des autres membres. Mais peut-être qu’il y en aura quand même parce que le changement intérieur est un puissant vecteur de transformations extérieures. L’aptitude d’un thérapeute à entendre l’inconscient de la personne qui vient le consulter, permet à celle-ci de penser autrement les situations conflictuelles qui l'amènent à se vivre comme le vilain petit canard.

Propositions d’élixir en lien avec la blessure du bouc émissaire

Pour aller encore plus loin dans le cheminement amorcé et afin de se délester de l’archétype du bouc émissaire, je vous propose un élixir qui me plait beaucoup parce qu’il amène à un retour à soi.

  • Elixir de Pois de Senteur (catégorie des élixirs Du Chemin du Baou) : Convient à ceux qui désirent enforcer leur sentiment interne de force et de sécurité dans les interactions avec les autres et invite à l'implication dans la connexion interpersonnelle tout en développant le sentiment d'appartenance à la famille ou à tout autre groupe.


  • Elixir de molène (catégorie des élixirs floraux contemporains) : Pour ceux qui sont indécis sur la direction et les valeurs morales à suivre dans leur vie. Il aide à vivre en conformité et en harmonie avec sa conscience et favorise l'écoute de soi. Quand on a tendance à fuir les problèmes plutôt que de les regarder en face, lorsqu'on se sent abaissé. Favorise l'élévation spirituelle, le sens de l'éthique. Aide également à trouver sa juste place dans un groupe, à participer de façon solide et exemplaire.


élixir molene, écloute de soi

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